Comment restaurer un meuble ancien ?

C’est un article très spécial que nous vous proposons aujourd’hui. Si vous suivez l’aventure de Bilboquet Déco sur Instagram depuis un certain temps, vous savez que tout a commencé par la restauration de meubles. Donner une seconde vie à un meuble ancien est extrêmement satisfaisant et il était évident qu’un article sur ce sujet allait voir le jour sur le blog à un moment ou à un autre. 

Et parce que j’ai également envie de faire de ce blog un lieu de convivialité, j’avais envie d’inviter une personne très spéciale pour nous parler de la restauration de meubles. Et c’est Alexandra, de Belette Petite qui s’y colle pour ce premier article invité d’une longue série ! 

Qui de mieux placé qu’Alexandra pour nous parler restauration ? Ce ne sont pas moins de15 années passées à expérimenter différentes techniques, différentes façons de faire, différentes astuces, qu’Alexandra nous livre ici ! Nous avons posé quelques questions à Alexandra pour tout savoir sur la restauration de meubles anciens.

Comment être certain.e que le meuble ancien pourra être restauré ? 

Vous avez fait un petit tour dans le grenier de vos grands-parents, ou avez trouvé une petite pépite au détour d’une brocante ? Avant de vous jeter sur votre trésor pour l’acheter ou le rapatrier chez vous, il faut faire preuve de prudence. Vous voulez être certain.e que le meuble supportera la restauration, que le bois n’est pas trop abîmé, qu’il pourra facilement s’intégrer à votre intérieur. Est-ce que ce meuble pourra avoir une seconde vie ? C’est une bonne question qu’Alexandra a l’habitude de se poser : 

“ Je prends toujours du recul sur le meuble et je le regarde comme une photo en noir et blanc. Il faut le regarder et se demander si la forme, la structure, le format du meuble peut s’intégrer dans la décoration. Parce que lorsqu’on est face à un meuble très massif alors que notre décoration d’intérieur est moderne, vous aurez beau le poncer ou le repeindre, il gardera sa structure. L’astuce de prendre une photo en noir est blanc est très efficace car elle nous permet d’isoler les couleurs, les vernis, les textures et de vraiment appréhender la forme du meuble. Si la forme vous convient et que vous arrivez à le projeter dans votre intérieur, c’est déjà un premier pas vers sa restauration. 

Dans le cas où vous chinez votre mobilier, encore une fois faites attention à la forme. Je regarde la structure et le gabarit du meuble. Le type de bois est également important : clair, tannique comme le chêne ? Si c’est un bois rouge ou exotique, prudence car même en les ponçant et en y passant du temps, leur patine et donc le rendu définitif sont très particuliers. 

Souvent, il arrive que différentes essences de bois soient utilisées pour un même meuble ancien. Dans ce cas-là, je sais que je vais devoir repeindre pour uniformiser le meuble.

Dès que j’ai fait le point sur la structure du meuble, j’essaye d’anticiper sa restauration. Est-ce que je vais devoir le décaper complètement ? Le repeindre totalement ? L’époque du meuble nous en apprend déjà beaucoup : je sais par exemple que je vais systématiquement repeindre un meuble des années 50.”

Alexandra porte un amour inconditionnel aux meubles brut et aux patines d'origine. Mais lorsqu’il n’est pas possible de conserver la patine d’origine, sachez que des techniques existent pour recréer une patine à l’aide de cires et de pigments. Alexandra vous prépare d’ailleurs un petit tutoriel pour vous aider à réaliser facilement une patine avec la peinture Bilboquet Déco !

Que faire lorsque le bois est trop abîmé ? 

Il arrive souvent que le bois soit “piqué”, vermoulu. Concrètement, de petits insectes grignotent le bois et font un véritable festin avec notre précieux mobilier. En fonction de l'étendue des dégâts, sachez que la situation n’est pas irréversible. Alexandra vous conseille de toujours traiter le meuble : 

“C’est un sujet compliqué car il y a de moins en moins de choix, les meubles anciens de qualité se faisant rares. Alors si la façade du meuble n’est pas trop attaquée, je vais systématiquement traiter le bois à l’aide d’un durcisseur. À base de résine, le durcisseur va créer une seconde peau au bois et venir le rendre complètement dur et hermétique. Je peux alors repartir sur une base saine !” 

Et s'il manque des poignées à mon meuble ancien ?

Malheureusement, c’est le cas de beaucoup de vieux meubles. Ils ne parviennent pas toujours à traverser les âges sans semer une poignée ou deux sur le chemin. Mais la perte d’éléments peut ne pas s’arrêter aux poignées, mais bien s’étendre à des tablettes qui viennent à manquer, des pieds qui sont un peu bancales… Et face à ce champ de bataille, une seule solution : se retrousser les manches. 

“Les meubles que j’achète sont en très mauvais état car j’aime tout le processus qui me permet de leur donner une seconde vie. Il m’arrive très fréquemment de devoir refaire des tablettes, changer les fonds ou remplacer des poignées. Ça fait partie du travail de restauration, et c’est très satisfaisant ! J’utilise souvent la peinture à l’intérieur du meuble pour contraster avec l’aspect brut extérieur, ça permet d’apporter un petit coup de fraîcheur ! Pour les poignées, il n’est pas toujours possible de chiner exactement les mêmes. J’ai donc développé plusieurs techniques pour vieillir les poignées neuves et les intégrer plus facilement au meuble.”

 

Faut-il imaginer le meuble dans son nouvel habitat ou attendre le résultat final pour lui trouver une place ?

Il est parfois compliqué de voir un vieux meuble autrement que dans son état d’origine. Même en ayant pris soin de vérifier sa structure, on ne sait pas toujours quel sera le résultat final. Alexandra revend tous les meubles qu’elle restaure. Et pour s’aider à imaginer le meuble dans son futur habitat, elle le choisit minutieusement : 

“Je me pose toujours la question : est-ce que le meuble pourra s’intégrer dans une cuisine ou une entrée ? Je n’imagine pas le meuble chez moi. Je me demande plutôt où est-ce qu’une personne vivant dans un petit appartement pourra placer le meuble ? Le format est très important. Une table entre 1m60 et 2m a une taille idéale. Un meuble de métier ne doit pas être trop profond car je sais que toutes les personnes ne pourront pas l’intégrer chez elles. 

C’est plus l’utilisation que le style du meuble qui va être important. Je sais que nous ne sommes pas tous des créatifs, donc quand j’ai terminé de restaurer le meuble, je le mets en scène, avec des objets, de la décoration, pour aider mes clients à se projeter. 

Pour ce qui est du style, je trouve qu’un meuble en bois brut s’accordera facilement avec n’importe quel style et mes clients sont toujours très heureux du résultat final.“

 

Première étape d’une restauration de meuble : assainir la base.

Ça y est, vous y êtes : vous avez improvisé un petit atelier de restauration dans votre garage ou votre salon, et vous êtes prêt à vous retrousser les manches. Vous avez dépoussiéré et nettoyé le meuble et vous devez maintenant vous mettre au travail. Mais par où commencer ?

“ Je commence toujours par travailler un meuble à l’envers, en le renversant complètement. Je peux ainsi évaluer plus facilement les réparations qu’il faut faire car, bien souvent, ce sont les fonds et les dessous des meubles qui sont les plus abîmés. Je ponce rapidement le meuble pour enlever le gros de saleté, je traite et je répare. Si le bois s’effrite, j’utilise un durcisseur. Si les pieds sont trop abîmés, il m’arrive de les couper. À ce stade, je cherche à assainir en profondeur le meuble pour repartir sur une base saine. Je m’équipe d’équerres, de pâte à bois et de durcisseur pour y arriver ! “

Le ponçage : une étape systématique 

Vous n’y échapperez pas ! Si vous voulez restaurer le bois comme il se doit, il faudra obligatoirement le poncer, ne serait-ce que pour le nettoyer. 

“Je vais poncer le meuble différemment en fonction du rendu voulu. Par exemple, si j’ai dans l’idée de repeindre le meuble, je vais poncer pour nettoyer, alors que si j’ai l’intention de laisser mon meuble brut, je vais aller davantage dans les détails et dans un ponçage de finition. Mais souvent, je ne sais pas ! C’est en revenant au bois, en le ponçant que je me rends compte de la finition dont il aura besoin.

Pour ce premier ponçage, je commence le plus souvent avec un abrasif grain 80, qui est un grain dit "médium". Pour les vernis et peintures plus épaisses, j’utilise un décapeur thermique. Le décapeur thermique agit comme un sèche-cheveux, sauf qu’il chauffe à 600°C. En chauffant de la sorte, on arrive à faire cloquer les vernis et les peintures et il suffit de s’aider d’une spatule pour enlever le tout. Si vous voulez économiser de l’abrasif (qui s’encrasse très vite pour retirer les vernis épais), le décapeur thermique est d’une grande aide ! 

Une fois que l’ensemble du meuble est poncé, je passe un abrasif grain 120 à l’aide d’une ponceuse circulaire professionnelle qui laisse peu de traces et qui me permet de vraiment peaufiner le ponçage et adoucir le bois. 

Je retourne ensuite une nouvelle fois mon meuble pour poncer là où le meuble n’a pas été travaillé.”

 

Après le ponçage, un œil neuf sur le meuble

Une fois le meuble bien nettoyé et poncé, vous serez à même de le voir avec un nouveau regard. C’est le moment de faire un pas en arrière pour vraiment analyser le résultat et décider de la finition à lui accorder. Est-ce que le bois vous plaît ? Est-ce que vous allez repeindre ? Est-ce que vous allez le patiner ? Tout dépend de la forme du meuble, de vos envies, de son emplacement, il n’y a donc pas de règle précise ! 

Quid de la peinture pour son meuble ?

Si à ce stade vous vient l’envie de repeindre votre meuble, Alexandra vous conseille de vous tourner vers une peinture de qualité, comme celles de Bilboquet Déco spéciales boiseries : 

“Je n’utilise jamais de sous-couche et c’est d’ailleurs tout un sujet avec Dorothée ! Je n’utilise que des peintures de grande qualité, comme celle proposée par Bilboquet Déco. Donc en principe, pour un meuble en bois, j’estime qu’il n’y a  pas besoin de sous-couche.  Et puisque de toute façon, le meuble va continuer de vivre, il n’est pas rare qu’un petit accroc apparaisse. Dans ces cas-là, je préfére voir le bois apparaître que le blanc de la sous-couche.

Par contre, je ponce toujours avec un grain fin entre les couches pour que la peinture adhère plus facilement !”

 

Comment protéger son meuble en bois ?